Le Contract Manager, c’est un peu le James Bond du contrat : toujours entre deux feux, tiré à quatre épingles (juridiques), et prêt à dégainer une clause mieux que quiconque. Ce n’est pas un juriste, ce n’est pas un acheteur, ce n’est pas un chef de projet — mais il parle leur langue, les comprend tous… et les fait bosser ensemble sans que ça explose. Parce que oui, son job n’est pas de gérer un contrat, mais d’éviter qu’on vienne pleurer quand il est trop tard. Et non, il n’est pas payé en fonction des pénalités qu’il distribue.
Le Contract Manager intervient tout au long du cycle de vie du contrat, dès la phase de négociation (quand il a de la chance) jusqu’à sa clôture (souvent douloureuse). Il relit, réécrit, réinterprète, reformule, recadre… et surtout, il répète. Il a un rôle de répétition permanent lié à la non connaissance de son rôle, la non maitrise du contrat par les interlocuteurs, et le turnover des équipes (particulièrement important dans l'IT et le monde du conseil).
Il s’assure que tout le monde a bien lu le contrat, ou au moins les annexes critiques. D’ailleurs, si le contrat reste dans un placard, c’est qu’il a raté sa mission. Un contrat doit vivre, circuler, respirer. Sinon, il devient un piège à retardement.
Dans les réunions de projet, il est celui qui vient tittiller les autres par ses questions : « On a validé ça comment ? C’était dans le périmètre ? Qui a signé cette modification ? » "C'est au moins tracé dans un mail ou ça a ét juste convenu oralement ?"
Et quand il entend : « On verra plus tard », il note tout de suite comme actions à contractuelle à suivre. Parce que plus tard, ça finit au mieux dans sa boîte mail quand ça dégénère, et parfois en claim quelques mois plus tard.
Non, le Contract Manager n’est pas censé être ami avec le fournisseur quand il travaille pour le client. Il n’est pas là pour faire plaisir. Il est là pour défendre les intérêts de l’entreprise, tout en gardant le sourire. Mais il doit être un bon négociateur, sinon il risque de ne plus faire partie des discussions. Il doit savoir dire non avec élégance, proposer des alternatives avec habileté, et surtout — ne jamais signer sans avoir lu. (C’est basique, mais certains ont encore des traumatismes.)
En interne, il est l’interface entre la direction juridique, les achats, les opérationnels, la finance, le commercial, la direction de projet, les RH parfois. Il ne dit jamais « ce n’est pas mon problème » — c’est même souvent l’inventeur de problèmes avant qu’ils n’existent, ce qui n’est pas toujours apprécié, il peut parfois se faire quelques ennemis en interne c'est le risque de son métier.
Bref, le Contract Manager, c’est celui qu’on appelle trop tard, mais qu’on aurait dû appeler dès le début. Celui qui connaît la clause 15.2.3 par cœur, mais qui sait la traduire pour le chef de chantier, le Directeur de Projet ou le DAF. Celui qui tient la ligne rouge, sans perdre le sens du compromis. Un équilibriste juridique doublé d’un médiateur opérationnel, qui doit savoir écouter les autres, tout en étant force de conseil, proposition, et rarement décideur.
Et s’il est bon, on ne s’en rendra presque pas compte. Parce que tout semblera « bien cadré », « clair », « anticipé ». Et c’est bien là sa victoire, ce n'est pas de faire un claim par semaine pour montrer qu'il existe et qu'il sert à quelque chose, mais bien d'anticiper et désamorcer les problèmes en amont.